Projet de Cécile Laporte
Cérès, “Km0”
Le système proposé dans le projet Cérès valorise et facilite l’accès aux échanges commerciaux de proximité en esquissant, à travers le renvoi à des sites de présentation des producteurs, une possibilité de reconnaissance des valeurs humaines et des identités dans le système de production et de distribution. Par définition le mythe est oublieux de la véritable histoire pour ériger son sujet en légende.
Ainsi, les conséquences de l’écriture de mythologies par les marques sont la perte de l’histoire véritable des objets et la disparition de la considération du travail qui les a fait naître. Si ce problème a été soulevé par le passé au sujet des grandes marques faisant fabriquer leurs produits dans des “sweatshops”, il semblerait qu’il prenne de plus en plus d’ampleur actuellement dans le domaine de l’alimentaire où le manque d’information et le flou derrière l’étiquette a déjà provoqué diverses crises dans le secteur et ébranlé la confiance des consommateurs.
La traçabilité des objets est la première histoire que veulent connaître ces-derniers et, dans le domaine de l’alimentaire, nombreux sont ceux qui se tournent vers des organisations locales pour être sûrs de connaître la provenance des produits dont ils se nourrissent. C’est là que les témoignages se transmettent, autour de la manière dont un produit a été fabriqué, un légume cultivé, un savoir-faire élaboré. Le commerce prend un visage humain, l’échelle n’est plus celle de la multinationale qui propage le même produit à travers le monde sans aucune vraie visibilité de ce qu’est ce produit sinon des inscriptions élogieuses sur un emballage opaque. En achetant localement les contacts s’établissent, les histoires racontées sont de première main et les savoir-faire se donnent avec un arrière-plan culturel qui est celui dans lequel le produit est né. Ce dernier n’est pas arraché à son contexte et consommé ailleurs, il est porteur de sa véritable histoire et des valeurs de travail de ceux qui racontent son parcours.
Les individualités se dessinent avec lui, contrairement au visage de la grande marque qui conservera un visage similaire tout autour du monde, reconnaissable certes, mais écrasant toutes les subjectivités possibles de la culture locale. Globaliser c’est uniformiser, aussi nous pensons que c’est dans la localité que se trouvent les valeurs humaines.