En partenariat avec le Centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques, Saint Gaudens.
“Dans les Métamorphoses d’Ovide1, la nymphe Écho, sous l’effet d’un sort lancé par la déesse Junon, est condamnée à répéter les derniers sons et les paroles entendus. Pour s’exprimer, elle s’empare habilement des mots et les emploie avec poésie, jouant sur leur ampleur et leur entortillage. Le sort devient un atout et une force. Malédiction ou bénédiction, c’est selon l’angle d’attaque. Entouré·es par les montagnes du paysage de Saint-Gaudens, nous vous proposons, comme Écho, d’emprunter les sons et les mots, les faire entendre ailleurs, et leur donner un autre ton, une autre couleur. Que la parole soit portée ou bien colportée, elle se déplace, se propage et se prolonge, faisant rebondir les mots et les pratiques des un·es et des autres.
Nous, Alexis Chrun et Socheata Aing, nous sommes rencontrés il y a deux ans grâce à un workshop de genre 2030 il y a deux ans. La préparation du workshop à venir nous a amenés à converser, parfois à distance, parfois face à face, en étant à l’écoute l’un de l’autre et en nous renvoyant notre enthousiasme. C’est dorénavant avec vous, en conversant en plusieurs endroits, que nous voulons commencer ce travail collectif. Durant les repas de groupe des premiers jours, nous organiserons des cellules à questions en petit groupe. Une formation de quelques personnes se réunira à l’écart de l’ensemble des autres participant·es pour manger avec un sujet de conversation donné. Cela se fera pour un groupe à l’heure du déjeuner, pour un deuxième groupe à l’heure du goûter, le troisième au dîner et le quatrième au petit-déjeuner du jour suivant.
Ces constructed situations (Tino Sehgal) nous mèneront d’explorations en explorations sur la faculté de la nymphe Écho à se réapproprier les sons et les mots, et seront l’occasion de revenir sur les attitudes que nous adoptons dans nos pratiques. De la nature ambivalente des mythes à l’impermanence de nos intérêts à les relire, nous évoquerons le jugement hésitant, les interprétations personnelles, en somme tous les imaginaires pluriels constitutifs de la magie des mythes dans lesquels nous pourrons redécouvrir l’altérité, avec tout ce qu’elle peut provoquer de surprise, d’indifférence ou d’émotion. C’est aussi une conversation que nous voulons avoir avec celles et ceux qui nous ouvrent les portes de la Chapelle Saint-Jacques et qui font vivre ce lieu.”
1 Ovide, Métamorphoses, Livre III
Alexis Chrun, né en 1991 à Paris, vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’isdaT en 2013 puis d’un DNSEP avec les félicitations du jury de l’ENSBA Paris (Atelier Claude Closky) en 2016.
“Etayés par des recherches, les projets d’Alexis Chrun trouvent systématiquement des biais pour s’émanciper des formats – souvent spécifiques aux sites – qui leur sont imposés. Qu’il travaille seul ou en collaboration, Alexis Chrun cherche à pointer les contradictions de la société contemporaine et de ses représentations ainsi qu’à remettre en cause le rôle de l’art dans la production d’un consensus culturel et de valeurs. Dans son travail, il aborde frontalement et questionne les contextes, les conditions et les retombées de la production artistique, notamment les relations professionnelles et le statut de l’artiste. J’ai vu avec un grand intérêt ses expositions au Salon de Montrouge, à la Villa Vassilieff, sa performance pour Do Disturb 3 (BYOP) au Palais de Tokyo, et récemment ses installations à la Villette et in.plano.” Claude Closky
Socheata Aing, née en France en 1993, est diplômée de l’école des beaux arts de Bordeaux en 2017, puis de l’isdaT en 2019. Elle vit et travaille à Toulouse, elle est également monitrice du groupe de recherche genre 2030.