Sur les cendres de l’hacienda Festival 2021 du Printemps de septembre

Le Printemps de septembre est un festival gratuit dédié à la création contemporaine sous toutes ses formes. Son édition 2021, Sur les cendres de l’hacienda, réunit les œuvres d’une cinquantaine d’artistes réparties dans près de 30 lieux partenaires à Toulouse, son agglomération et la région Occitanie.

L’isdaT, partenaire du Printemps, accueille pour le festival de nombreux évènements (expositions, projections, installations, concerts…), dont la programmation complète est à retrouver ici.

L’école sera le lieu de cartes blanches successives, mêlant 3 espaces (la cour d’honneur, le Palais des arts avec un cinéma et le plateau média). Les Nocturnes du festival ont lieu les 17, 18, 24 et 25 septembre 2021.


« Dès avant l’apparition de la pandémie, nous avions choisi notre titre : Sur les cendres de l’hacienda. Ce n’était donc pas une anticipation de notre situation actuelle. Mais cette condition contrainte offre une image remarquable du monde dans lequel nous sommes jetés et qui nous apparaissait il y a trois ans comme le champ de ruines de nos illusions émancipatrices. Ivan Chtcheglov affirmait en 1958 dans le numéro 1 de L’Internationale situationniste : « Il faut construire l’hacienda. » L’idée de foyers fortifiés de résistance et de subversion semblait alors un horizon souhaitable. Cette idée, réinventée en 1991 par Hakim Bey et ses TAZ (« Zones d’Autonomie Temporaire »), s’est effondrée sous les assauts conjugués du progrès du libéralisme économico-politique et du désenchantement de la pensée critique.

Si l’hacienda a péri dans leurs flammes, que reste-t-il aux artistes sinon à se tenir debout dans ce désastre symbolique et à regarder au-delà ? Dans la succession des éditions du festival, celle-ci fait suite à Dans la pluralité des mondes (2016) et à Fracas et frêles bruits (2018). Ces trois titres forment un commentaire de notre condition contemporaine. Comme dans les épisodes précédents, le festival se déploiera dans de nombreux lieux de la ville et de son voisinage. Il nous est essentiel de nous inscrire dans la géographie labyrinthique de la ville que nous souhaitons « affecter » ou émouvoir avec les artistes que nous invitons.

Comme toujours, notre objet principal demeure l’exposition, ses formes et formats, sa capacité à nous transporter soudain. Une cinquantaine d’artistes se répartiront dans vingt-huit lieux. Certains, très jeunes, présenteront les prémices de leur oeuvre tandis que d’autres, décédés, parfois en 2020/2021, verront saluée leur mémoire. L’art ne peut vivre sans mémoire ; c’est un flux tendu : les artistes se passent le relais les uns aux autres au fil du temps. Certains qui sont sortis des écrans radars méritent d’être rééclairés. L’histoire se doit d’effacer ses aveuglements. Chaque époque porte sur le passé un regard neuf qui refonde et ranime des oeuvres délaissées. Un festival comme le nôtre voudrait aussi contribuer à traiter nos amnésies.

Discerner aujourd’hui ce qui fera demain sens pour notre époque est impossible. C’est pourtant là que se situe notre enjeu paradoxal. Au moins savons-nous nos limites et notre chance. Au fil des espaces d’exposition apparaîtront peut-être des formes de voisinages, des convergences imprévues. Ainsi Sur les cendres de l’hacienda s’avèrerait non pas un thème que nous aurions voulu illustrer mais un prisme à travers lequel appréhender cette condition de l’artiste actuel dans la dés-orientation qui caractérise l’époque : tantôt en proie au heurt du réel (Yves Bélorgey, Tim Etchells, Gérard Fromanger, Shiva Khosravi, Elisa Larvego, Walid Raad, Lawrence Abu Hamdan, par exemple), tantôt tourné vers soi, le château de son imaginaire ou ce qu’une locution populaire appelait la folle du logis, autrement dit l’insistance du rêve (Antoine Bernhart, Cathryn Boch, Miriam Cahn, Mireille Cangardel, Adrien Dax, Chloé Delarue, Miryam Haddad, Natacha Lesueur, Christian Lhopital, Virginie Loze, Mathilda Marque Bouaret, Luisanna Quattrini, Christine Sefolosha, Eva Taulois ou Jean-Luc Verna, sans oublier l’ »évocation contemporaine du réalisme fantastique » à travers la collection du fonds de dotation agnès b), tantôt encore concentré sur l’histoire formelle de sa pratique, sur ses enchaînements historiques et déroulant ses nouveaux possibles (Michel Aubry, Silvia Bächli, Katinka Bock, Toni Grand, Gyan Panchal, Maria Tackmann, par exemple). Hommage sera aussi rendu à des artistes morts l’an dernier (Siah Armajani, Jean-Marie Krauth) ou il y a plus longtemps (Marie Bourget, Adrien Dax, Toni Grand, Kiki Kogelnik) et qui continuent de nous parler au présent de nos questions. »

Christian Bernard, Directeur artistique du Printemps de septembre

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