Fictions primitives, César Vayssié

Semaine des workshops, video, performance, César Vayssié, isdaT
Semaine des workshops, video, performance, César Vayssié, isdaT

workshop vidéo / performance
15 étudiants — salle 02, isdaT beaux-arts

Workshop ouvert aux étudiants en années 2 à 5 toutes options.

Une image photographique, fixe ou animée (film), produit la sensation d’un moment qui « a eu lieu » et qui « n’est plus ». Roland Barthes parle d’une micro-expérience de la mort pour le sujet photographié. C’est encore plus vrai lorsque l’on filme une action performative, quand l’image substitue à notre regard une reproduction ou une illusion du « vivant » qui constitue la définition de « l’art vivant ».

Par ailleurs.
Une prise de vue génère simultanément une proposition vivante (l’activation d’un tournage) et une proposition visuelle (l’image). Cette double production permet une observation des phénomènes narratifs produits dans le réel (vrai?) et par l’image (faux?). Le procédé de fabrication est envisagé comme processus performatif dont la forme peut être étudiée en regard des images produites.

De plus.
Partant du principe que, seules des expériences nouvelles permettent de développer de nouvelles formes. Il s’agira donc de concevoir des actions et leur contraire supposé (propre ou figuré). Une création inconsciente qui est pourtant la conséquence d’une somme de consignes précises mais contradictoires. Il s’agit de chercher des formes « primitives » (que l’on ne peut identifier ou qui n’ont d’autres dénominations que des adjectifs comme « absurdes », « burlesques », « étranges » mais aussi « chorégraphiques ») à partir de formes élaborées. Et inversement. Ce mouvement, de la maitrise à l’inconnu, et inversement, propose une dramaturgie du repartir à zéro. Mais dans quel sens ? Les actions sont expérimentées dans l’idée d’être filmées. L’image permettra de rendre visible l’écart entre la forme vivante et sa conséquence visuelle. Les prises de décision spontanées doivent révéler en creux la parenté secrète de l’inconscient et de l’artistique, du poétique et du technique.

Pour cela.
Élaborer un protocole de travail qui entend exploiter esthétiquement les étapes constitutives de la recherche dans l’idée de produire un film à l’issue du workshop. Confronter les participants aux notions de savoir et d’ignorance et à la sensation de vécu et de filmé pour produire une œuvre collective en utilisant son corps et des artifices propres à la fiction (faux sang, machine à fumée…). Concevoir un film qui confronte des phénomènes narratifs, propres à l’acte performatif, aux codes esthétiques du cinéma.

Quelques pistes.
En filmant, éprouver physiquement un espace réel et sa conséquence visuelle. Former un groupe, déformer le groupe par l’organisation d’actions qui le mettent en mouvement dans le sens d’un rituel à filmer. Accumuler de l’expérience contradictoire pour fabriquer une image fausse de soi, avec ce que cela exige de violence, d’engagement, d’exhibition. Comment et jusqu’où engager le corps dans une situation de représentation ? Proposer un geste esthétique qui pose la question du statut de l’œuvre in progress. Retourner contre les acquis d’un précédent travail les procédés habituels de fabrication. Dans l’image, se positionner physiquement en fonction d’une prise de position intellectuelle. Étendre une proposition visuelle aux recherches formelles connues de l’art et créer une dynamique qui contredit ses usages. Incarner / représenter. Être / simuler. Reproduire / Interpréter. Trouver un réalisme qui se situe au delà de la reproduction du réel. Créer un spectacle du réel pour le filmer, faire d’un film la conséquence d’un évènement.

Doc.
Historiquement, le cinéma est défini comme une forme d’art «préméditée» (écriture, production, tournage, montage et diffusion), le distinguant de fait du geste artistique « sacré » qui surgit, de l’action spontanée et finalement de l’art performatif. Les avants-gardes des années 30 puis des années 60 ont nuancé cette idée. Aujourd’hui, il reste pourtant une mythologie fortement ancrée dans l’imaginaire collectif sur la façon de faire des films et le statut de l’œuvre filmique dans la création contemporaine.

Conceptuellement, un film en tant qu’objet matériel n’est pas une œuvre d’art mais le support d’une œuvre. Si on allait au bout de l’idée, à l’aune de l’ère numérique, nous devrions dire « un fichier ». Après le processus de fabrication, l’œuvre filmique doit être activée pour exister. Souvent, elle commence et finit, impose un certain positionnement temporel et physique du public, ce qui relie l’œuvre à la notion de spectacle. Ces paradoxes existentiels alimentent l’ambiguïté d’un discours unique sur l’image en mouvement et son rapport à l’art vivant.

César Vayssié réalise des films qui s’aventurent hors des frontières du cinéma, il fait des images et conçoit des actions vivantes. Ses rencontres avec des chorégraphes et plasticiens le conduisent à élaborer des formes qui associent danse, recherche plastique et performance. Son travail, en recherche permanente, est ouvert aux nouvelles expériences. À la fin des années 90, il est assistant de Paul-Armand Gette, Chris Burden, Philippe Decouflé. Il réalise des films sur des artistes contemporains avec Le Consortium de Dijon. Au sortir des Beaux-Arts, ses travaux vidéo sont montrés au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (Les Ateliers) puis à Beaubourg (Ici Paris Europe) et à New-York (Anthology Film Archives). De 1996 à 1997, il est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome et réalise le long métrage co-écrit avec Yves Pagès Elvis De Médicis. En 2000, il réalise le film Les Disparates et depuis collabore régulièrement avec Boris Charmatz (héâtre-élévision, Éducation, Bocal, Levée, Three collective gestures). En 2010, il intègre Vivarium Studio et collabore avec Philippe Quesne (interprète dans Big-bang, L’effet de Serge et Bivouac, co-réalisation du film Garden Party). Avec UFE performance, créé au MuCEM à Marseille en 2015, il investit le champ de l’art vivant et convoque la relation art et politique. En 2015, il signe avec François Chaignaud l’installation The sweetest choice tournée dans la Death Valley et présentée à Carriageworks à Sydney. En 2016 il finalise UFE (UNFILMÉVÈNEMENT), prix Georges De Beauregard et prix du public au FID Festival International de Cinéma Marseille. Pour la FIAC 2016, Il présente une première étape de COPROUDUCTION avec Olivia Grandville, performance qui sera créée à la Ménagerie de Verre en novembre 2016. Les œuvres de César Vayssié ont été montrées au White Cube à Londres, au Folkwang Museum à Essen, à Nanterre-Amandiers, au MoMA, au MOMI de New-York, à la Tate Modern, au Centre Pompidou, dans de nombreux lieux dédiés aux arts visuels et au spectacle vivant.

Sélection de réalisations : Levée, film avec Boris Charmatz, 2014, The sweetest choice, installation avec François Chaignaud, 2015, UFE(UNITEDFOREXPERIENCE), performance, 2015, UFE(UNFILMÉVÈNEMENT), film, 2016, COPROUDUCTION, performance, 2016, (Parti(cipa)tion), dispositif chorégraphique, 2017, Ne travaille pas, film, 2018.

+ projection
UFE(UNFILMÉVÈNEMENT), film de César Vayssié
mercredi 14 février 2018 — 17h30, amphi A

À défaut de pouvoir formuler un projet de société et des solutions concrètes, un groupuscule imagine une action artistico-politique spectaculaire qui stigmatise le rôle de la télévision dans le chaos qui secoue la société contemporaine. Le passage à l’acte propulse le groupe hors la loi. À partir de là, se manifestent les limites de l’engagement de chacun dans une création collective. Elles brouillent les relations intimes, ébranlent les convictions politiques, modifient le dessein artistique, et transforment, au sein de cette micro société secrète, le fantasme collectif en cauchemar vivant.

L’argument fictif propose des situations vécues puis filmées de plusieurs façons déstabilisant notre logique de perception. L’image emprunte les codes de la cinégénie et les artifices du théâtre d’une manière libre et empirique, à la recherche d’une forme allégorique et chorégraphique du récit. L’action est filmée dans un chalet isolé des Alpes et à Nanterre-Amandiers. Le théâtre est un atelier de création et un camp de base, décors d’une fiction dont les protagonistes sont aussi des comédiens, une compagnie, un groupe de rock, un groupuscule, des artistes sans œuvre qui s’engagent dans une action empirique qui pourrait transformer leur vie. Peut-être.

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