La redondance, l’aléatoire, la lenteur… Autant de notions perçues négativement dans une société qui privilégie la performance, le contrôle et la vitesse à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Pourtant, nous avons bien le sentiment confus d’une inadéquation contre-nature de ce dogme de l’optimum.
Que nous apprennent les sciences de la vie ? S’il existe bien des mécanismes biologiques d’une efficacité redoutable, des progrès récents mettent surtout en avant le rôle fondamental des erreurs, des hétérogénéités, des lenteurs dans la construction et la résilience des organismes vivants. Notre vraie nature serait-elle dès lors sous-optimale ? En quoi une sous-optimalité d’inspiration biologique peut-elle constituer un contre-modèle au credo de la performance et du contrôle dans l’anthropocène ?
Olivier Hamant est biologiste, directeur de recherche à l’INRAE, au sein de l’école normale supérieure de Lyon. Il a publié près de 90 articles scientifiques sur la biophysique et le développement des plantes, montrant notamment comment les plantes utilisent les forces pour percevoir leur propre forme. Ce sujet de recherche pose aussi la question de la robustesse et de la résilience du vivant sous un angle nouveau. Nourri par cette recherche fondamentale, et dans sa fonction de directeur de l’institut Michel Serres, il contribue à plusieurs projets dans les domaines de l’art, de la science et de l’éducation autour des enjeux existentiels de l’Anthropocène. La question de la résilience biologique vient notamment alimenter une réflexion sur les leçons à prendre du vivant pour habiter la Terre.