César Vayssié

Conférence César Vayssié, isdaT Toulouse
Conférence César Vayssié, isdaT Toulouse

conférence-projection, 18h — amphi A, isdaT beaux-arts

NE TRAVAILLE PAS (1968-2018)
film
documentaire de création
César Vayssié
© Shellac – 2018

musique Avia x Orly
avec Elsa Michaud, Gabriel Gauthier, leur entourage et les images disponibles sur internet.
durée : 88 minutes

Elsa Michaud et Gabriel Gauthier sont étudiants aux Beaux-Arts de Paris, ils partagent une relation amoureuse et une recherche artistique. Ils deviennent artistes dans une époque désorientée. Sans parole, hypnotisé par la musique du tandem Avia x Orly, le montage fusionne les gestes, les signes, les évènements du monde et la vie quotidienne des deux étudiants de mars 2017 à mars 2018. Le film exploite la frénésie de l’industrie numérique à travers une proposition plastique, il décline les paradoxes d’une société qui célèbre les événements de Mai 68, cinquante ans après.

NE TRAVAILLE PAS
Se disait d’un artiste ou saltimbanque dans la société pré-68.
S’écrivait sous la variante Ne travaillez jamais sur les murs en Mai 68.
Synonyme de “chômage” en 2018.

Elsa Michaud et Gabriel Gauthier sont issus des générations post 68 qui ont vu l’éclatement de la cellule familiale, finalement les premiers enfants issus de parents qui n’ont pas grandi dans un monde pré-68. Ils sont au cœur de la période numérique qui métamorphose l’ensemble de la société contemporaine. Ils vivent la réalité d’une époque chaotique. Ils ont le désir (la nécessité ?) de l’art et étudient à l’école des Beaux-Arts de Paris, pratiquent la danse et la poésie. Ils vivent ensemble et ont des projets (de vie, d’art) en commun, ils réfléchissent et passent à l’acte. En avril 2018, ils ont montré leur première création COVER à la Ménagerie de Verre à Paris.

Il s’agissait de montrer la vie d’Elsa Michaud et Gabriel Gauthier en regard du monde dans lequel ils évoluent. Ou comment penser l’histoire d’une société globalisée au moment du cinquantenaire de Mai 68 en France. Faire un constat qui appose une réalité particulière à l’état de la société.

Parce que l’époque est ultra bavarde. Bavarde d’images et de sons, de représentations. Parce que l’époque est ultra rapide, dans la propagation et la disparition des images, des sons et des idées. Parce que l’époque est obscène, injuste et violente. Je souhaitais révéler les reflets de celle-ci à travers l’esthétique des comportements et l’état des choses.

La surdité, l’aveuglement, la vacuité et la vulgarité du monde politique. Le narcissisme et l’exhibitionnisme engendré par les comportements “numériques”. L’agressivité des injustices sociales dans un monde ou aucune règle, aucune valeur ne semble plus limiter l’action des dirigeants ou l’ampleur des dérives idéologiques observées ne se limite pas à l’opposition ancien / moderne, gauche / droite et recouvre un territoire aux contours flous face auquel il est difficile de se positionner. Se positionner c’est un acte intellectuel, c’est aussi avoir une position physique, une forme qui raconte un état mental. Les gestes et l’aspect des choses expriment l’état du monde, et parfois l’expliquent. La vision des comportements d’Elsa Michaud et Gabriel Gauthier manifeste une forme de résistance instinctive.

Mai 68 a déjà fait couler beaucoup d’encre et produit beaucoup d’images, trop. Mon idée n’était pas de démontrer que les révolutions ne servent qu’à renouveler les élites et que le monde est définitivement “foutu” en proposant la vision d’un idéalisme désabusé, puisque que l’on pourrait légitiment remarquer qu’in fine, d’un certain point de vue, rien n’a changé. Le monde traverse une mutation sidérante, il est en crise et en guerre, il est difficile de le qualifier tellement il nous dépasse. La France à vécu au tempo surréaliste d’une élection présidentielle hors norme. Il me semblait important d’en proposer une version subjective, anthropologique, sensible et concernée. Une nécessaire autre façon de documenter cette réalité.
César Vayssié


César Vayssié réalise des films qui s’aventurent hors des frontières du cinéma. Il conçoit également des formes vivantes qui associent recherche plastique et performance, il collabore notamment avec Boris Charmatz, François Chaignaud et Philippe Quesne. Après des études aux Beaux-Arts de Dijon, il est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome (1996-97), et réalise le film Elvis De Médicis, co-écrit avec l’écrivain Yves Pagès. À travers de nombreux films expérimentaux, des performances et des installations, il cherche des phénomènes narratifs et développe la relation art et politique à travers l’engagement des corps. Le film UFE (UNFILMÉVÈNEMENT) reçoit le prix Georges De Beauregard et le prix du public au FID Festival International de Cinéma Marseille 2016. Depuis, il est montré dans le monde entier. NE TRAVAILLE PAS à reçu le FIPRESCI PRIZE (prize of the international federation of film critics) à la dernière Viennale (Vienna international film festival) en novembre 2018.

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